2006/2007
10 nombrils, 2 phases, 10 objets,
20 performances, 20 transferts
5 nombrils peints en France,
5 nombrils peints à Lanzarote (Canaries, Espagne)
Pour tous, le nombril est le centre intérieur même s’il n’a pas la même représentation symbolique pour un homme et pour une femme. Le ventre peut être assimilé aux pulsions instinctives et évoquer également le monde intérieur. C’est la trace, le passage d’un monde à un autre, un lien indélébile comme la continuité de l’Homme.
Dans l’imagination occidentale actuelle comme dans les mythologies primitives, les fantasmes et les pulsions prennent un caractère zoomorphe : l’animal représente l’être intermédiaire entre l’innommable et l’humanité, entre l’anonymat inconscient et la subjectivité, comme l’inconscient collectif comprenant une forme d’anonymat, signifiant électif des instincts refoulés.
Un être humain se détermine par sa singularité, un animal se détermine par son appartenance à une espèce. En passant de l’humanité à l’animalité, on accède au registre dans lequel s’estompent les limites qui séparent chaque Moi des autres Moi (par exemple s’accaparer le pouvoir d’un animal par identification à l’animal).
Peindre sur les ventres fut une expérience totalement différente des dos. Cette fois, nous étions face à face ! Je me demandais comment chacun de nous allait réagir, si le regard de l’un et de l’autre serait un obstacle, car ce n’est pas si facile de se laisser toucher le ventre, partie sensible du corps. Ce fut une expérience intéressante, j’ai été surprise de l’investissement des personnes dont certaines m’ont confiée des objets auxquels elles tiennent profondément. A Lanzarote, la barrière de la langue ne fut pas un obstacle (j’ai commencé à apprendre l’espagnol sur place) malgré mes craintes.
L’Acte II s’est déroulé en deux phases de peinture sur le ventre, autour du nombril le laissant intact, comme intouchable. On doit voir le nombril au centre de la peinture comme un œil : le regard de notre monde intérieur en même temps que le regard sur l’extérieur. J’ai conservé aussi, en photo, la peau autour de la peinture (au contraire des peintures des dos qui étaient découpées), un autre œil englobant l’œil-nombril.
Les empreintes ont été réalisées par des transferts sur des toiles en coton, plus souple que le papier, ce qui m’a permis de prendre l’empreinte en totalité.
Les questions
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Phase 1 : si un animal devait vous représenter, quel serait-il ?
Phase 2 : que représente t-il pour vous ?
Phase 3 : Et pour répondre à la question : quel est son attribut ? ou que lui attribuez-vous ? Je leur demande de me donner un objet (organique ou non).
La chanson « le nombril» (Norge/Philippe-Gérard) chantée par Jeanne Moreau accompagnera ce travail et fera partie de l’exposition. Ed. Majestic – (p)1981 Productions Jacques Canetti.
L’exposition
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Les photos des ventres peints ont été agrandies pour être de la même taille que les transferts (30 x 40) et collées sur du carton plume. Deux baguettes sont collées sur le haute et le bas des transferts, accrochage avec des pinces. Les photos et les empreintes d’un même nombril sont mises en scène ensemble avec l’objet inhérent, pour permettre une unité dans l’interprétation de l’animal, sous forme de « tableaux ». Cet objet étant la représentation matérielle de la personne. Les propositions sont imprimées sur papier collé sur du carton plume et positionnées au-dessus de leur représentation (photos, transferts, objets). L’objet est suspendu au centre entre les deux phases de peinture.